L'évaluation en A.I.S. (la classe n° 129, 05/2002)

La classe n°129 - 05/2002

Spécial AIS

L'évaluation en AIS

Contrairement aux classes dites ordinaires, les élèves relevant de l'AIS restent plusieurs années dans la même structure et parfois avec le même enseignant. La nécessité de faire régulièrement le point sur leurs acquis apparaît d'autant plus importante.

Evaluer quoi ?

Les acquis fondamentaux font classiquement l'objet d'une grande attention. on ne saurait cependant se passer d'une évaluation précise des compétences transversales et des savoir être, ô combien importants dans l'AIS.

Evaluer quand ?

Une évaluation en début d'année est indispensable. Elle permet aux élèves déjà connus des enseignants de montrer leurs progrès (dans le meilleur cas), à moins qu'elle ne témoigne des méfaits de la trêve estivale.

Il convient de renouveler ces évaluations de manière assez régulière tout au long de l'année, sans pour autant tomber dans l'excès. Une fois par trimestre semble une bonne moyenne.

En outre, sachez que si les dossiers de vos élèves doivent passer en commission (CCPE ou CCSD), il sera important de fournir des évaluations diversifiées et justificatives de leur évolution.

Le rapport à la note

Les élèves en structure AIS ont souvent un a priori négatif par rapport aux notes et aux évaluations, dont la classe ordinaire leur a laissé un mauvais souvenir. Mais les notes rapprochent de la normalité, des frères ou soeurs qui rapportent fièrement les leurs à la maison, et qui ont droit ainsi aux commentaires bienveillants de leurs parents. Dans ce domaine, en effet, il faut bien prendre en compte l'importance de la famille.

Pour des parents d'enfants "différents", une note rassure, car elle se rattache à la normalité. Malheureusement beaucoup oublient qu'une très bonne note a souvent été obtenue grâce à l'aide intensive d'un adulte, que l'évaluation a été préparée pendant une semaine, que les exercices sont connus et que le niveau demandé reste très bas au regard de l'âge du jeune.

Généralement, les élèves non plus ne sont pas dupes, même si nous en avons vu comparer jalousement leur note et se montrer particulièrement fiers de meurs exploits. Alors, que faire ? Noter avec des critères rigoureux en fonction de l'âge scolaire et ainsi rendre compte du faible niveau des élèves, au risque de les décourager et de déprimer un peu plus leur famille ? Ou bien ne pas noter et maintenir un flou où l'on ne sait pas trop ce qui correspond à quoi ?

Une solution intermédiaire peut être envisagée : d'une part, évaluer régulièrement avec des lettres en indiquant les conditions de passage de l'exercice (lecture par l'adulte, explication des consignes, aide...) Cela permet à n'importe quel adulte de se rendre compte de la réalité du niveau de l'élève (y compris en commission). D'autre part, de noter ponctuellement en modulant les exercices.  

• Beaucoup de collègues et de spécialistes estiment qu'une évaluation qui permet à une grande parie des élèves d'obtenir une "bonne note" correspond au niveau de la classe. Elle n'est ni trop facile ni trop compliquée, mais "juste comme il faut !"

Quelles conditions ?

• Certains élèves sont capables de se transcender pour un contrôle : ils mobilisent toutes leurs compétences en cristallisant les espoirs du milieu familial quant au résultat. En revanche, d'autres s'effondrent complètement. Ils démontrent ainsi que la pression est trop forte, qu'ils ne veulent ou ne peuvent seuls répondre à l'attente des adultes.

L'auto-évaluation

• Un élève en AIS ignore généralement ce qu'on attend de lui. Il croit souvent que se "besoins" se limitent à savoir lire, écrire et compter. L'associer à son évaluation reste le seul moyen de le rendre acteur de son apprentissage et d'en mesurer les progrès réguliers.
• Plusieurs méthodes d'auto-évaluation ou de suivi d'évaluation sont utilisées aussi bien en AIS que dans les classes à pédagogie coopérative. Le système des "ceintures" est très répandu. Il concentre, sous des ceintures de couleur (comme au judo), des objectifs multiples allant croissant. Il faut obtenir tous les items d'une ceinture pour accéder à la ceinture supérieure. Ce principe peut être mis en place avec des feux tricolores (vert-orange-rouge) ou avec tout autre système qui interpelle les enfants.

Quels supports ?

• Le ministère a mis en place, depuis longtemps, des recueils d'évaluation par cycles (les fameux livres bleu-vert présents dans toutes les classes et dont on ignore parfois l'utilité). Ces ouvrages offrent un intérêt non-négligeable : chaque exercice est largement détaillé en fonction des compétences sous-jacentes et les erreurs les plus répandues sont commentées. Ils demeurent un outil intéressant pour tous les collègues qui débutent ou pour ceux qui n'ont pas le temps de faire leur propre évaluation.
• Plusieurs éditeurs proposent des fichiers d'évaluation qui sont de qualité variable. La mallette "Médial" de Retz demeure une référence pour tout ce qui concerne la lecture-écriture.