La
harpe
Ce
matin-là, à l’école, la classe de Ludovic a
travaillé sur des documents qui parlaient de son département. Ludovic
est un garçon d’une douzaine d’années, curieux et qui cherche toujours une
explication à tout. Il ne cesse de poser des questions et on le surnomme même
« M. Pourquoi « . Or, pendant la leçon,
il a remarqué, sur une
carte, qu’il existait une rivière dont il ne connaissait pas l’existence et
qui se nommait » la harpeuse ». En plus elle prenait sa source à
proximité du village.
A la sortie de la classe, il s’est donc rendu chez le doyen de la commune pour lui demander pourquoi on l’avait appelée ainsi. Ce dernier lui a parlé d’une certaine légende selon laquelle les 29 février, à la pleine lune, on entendrait une mélodie jouée par une harpe. Cet instrument se situerait près de la rivière, dans le bois hanté, mais on ne savait pas exactement où. Le vieillard ne put lui en révéler davantage car il s’agissait de souvenirs très anciens enfouis dans sa mémoire et cette dernière commençait à lui faire défaut …
Partie écrite par Cormeray
Ludovic
rentra chez lui, très intrigué. Il savait qu'on était le 26 février d'une
année bissextile et la lune gibbeuse éclairait le ciel étoilé. Arrivé à la
maison, il s'empressa de consulter le calendrier. La lune sera bien pleine ce 29
février.
Ludovic se coucha et passa une nuit agitée. Au lever du jour, il se réveilla
en sursaut. Il venait de découvrir un passage secret dans la bibliothèque
municipale. Il avait descendu un étroit escalier de pierre qui l'avait mené
dans une salle sombre et lugubre. Il s'était frayé un passage à travers des
toiles d'araignée et avait enjambé des piles de vieux livres. Un rayon de lumière
l'avait conduit vers un vieil ouvrage poussiéreux avec une harpe scintillante
sur la couverture. Emporté par sa curiosité, il l'avait ouvert mais aussitôt
une ombre s'était dressée devant lui en disant :
- Je suis le gardien de la légende, le faucheur d'Ames. Il te faudra encore
attendre trois nuits pour la surprendre.
« C'est donc vrai, pensa t-il, c'est absolument vrai. Le doyen avait
raison. >>
Partie écrite par Ames
Le gardien de la harpe s’approcha d’un air menaçant de Ludovic. Il leva sa faux en disant :
- Disparais d’ici sinon j’appelle les autres faucheurs et nous nous en prendrons aux membres de ta famille un par un !
Ludovic tremblant de peur, recula petit à petit et se retrouva acculé contre le mur. Il fixa le faucheur dans les yeux et remarqua que ce visage ne lui était pas inconnu. Il ressemblait au visage de son grand-père.
De plus, il reconnut à son cou un collier qu’il avait déjà vu sur un portrait de famille.
Son cerveau tournait à toute vitesse. Après une grande inspiration, il prit son courage à deux mains et lui demanda d’une voix chevrotante :
- Je connais ce collier, il est identique à celui de mon arrière – arrière grand – père et vous ressemblez à mon grand – père Auguste.
- Auguste ? Auguste ? J’ai effectivement un petit-fils qui se prénomme Auguste ! Quel est ton nom de famille ?
- Gagnepain, je m’appelle Ludovic Gagnepain !
- Mais alors, ti t’es min chtiot père !
- Hein ?
- Ah excuse-moi, je me suis laissé emporter en chti. Mais alors, toi, tu es mon arrière arrière-petit-fils !
- Pouvez-vous me raconter la légende de la harpe ?
- D’accord mais attention tu ne dois la révéler à personne car un jour toi aussi tu deviendras son protecteur. Reviens à cet endroit précis le 29 février à 22 heures et je te raconterai tout.
L’ombre se volatilisa et la harpe cessa de scintiller. Ludovic repartit chez lui excité et impatient. Il avait hâte d’être le jour J à l’heure H. Il tint sa promesse, de peur que la malédiction ne se réalise. Les trois nuits qui suivirent furent très agitées et peuplées de cauchemars, il voyait sans cesse les faucheurs fondre sur lui avec un air terrifiant. Il se débattait et criait : « Laissez-moi je n’en peux plus ! »A ce moment là, il se réveillait en sursaut.
Le jour fatidique arriva…