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Janvier - Février

 

 

Résumé :
En 1993, Iqbal, un jeune Pakistanais de 10 ans est envoyé dans une fabrique de tapis pour y travailler et ainsi, peut-être, sauver sa famille de la misère. C'est ce que croient tous les enfants qui travaillent et souffrent avec lui. On leur promet de l'argent et un retour rapide chez eux, mais rien ne vient sauf les brimades, les coups, les tortures et le travail 16 heures par jour, dans des conditions terribles. Un jour Iqbal décide que ça ne peut plus durer ! Il se rebelle... mais il est difficile de changer les mentalités dans un pays où la police est corrompue, où les enfants ont toujours travaillé...
Pourtant Iqbal luttera pour faire reconnaître les droits des enfants, jusqu'à son assassinat en 1995. Il reste un symbole de la lutte pour les droits des enfants et l'abolition de l'esclavage moderne...

Extrait
« Iqbal, murmurai-je à mi-voix, Iqbal ! »
Des profondeurs de sa poche, Karim attrapa une boîte d'allumettes. A la lumière incertaine de la flamme, nous le vîmes : il se redressa avec peine dans le coin où il était couché et vint vers nous. Ses lèvres étaient fendillées par la soif et ses yeux si faibles que même la flamme de l'allumette lui faisait mal.
La citerne qui formait le Tombeau était large, mais si basse de plafond qu'en se mettant debout, on pouvait toucher la grille du bout des doigts. Je passai la bouteille d'eau à Iqbal. Il but avidement et versa le reste du liquide sur son visage martyrisé. Comme c'était étrange ! Il avait la gorge trop sèche pour parler et nous, maintenant que nous étions là, nous aurions eu mille choses à lui demander et nous ne savions pas quoi lui dire.
J'étais émue et confuse et mon cœur, étreint par l'angoisse, souffrait de le voir dans cet état. Et ce n'était que le premier jour ! Salman semblait embarrassé. Karim avait l'air de quelqu'un qui passe là par hasard et n'est pas concerné par ce qu'il voit.
Ali se pencha à travers la grille et saisit la main d'Iqbal :
« Tiens bon, l'encouragea-t-il, on est avec toi à partir de maintenant. [...]
Iqbal sortit du Tombeau trois jours plus tard. Lorsque nous le vîmes traverser la cour, les jambes chancelantes, aveuglé par la lumière, les bras couverts d'ampoules et de piqûres d'insectes, nous éprouvâmes tous une immense compassions et un grand sentiment d'orgueil.


Mon avis :
L'histoire d'Iqbal est romancée, mais bien romancée. Cela ne nuit pas à son intérêt documentaire.
Un texte émouvant qui ouvre les yeux sur un problème toujours d'actualité, y compris en Europe : l'esclavage.

Niveau : entre les deux

 

 

 

Résumé :
Deux témoignages terrifiants de la condition des femmes et filles dans deux pays à la religion intégriste : l'Inde et l'Afghanistan des Talibans.

Nakusha (Indésirable) est la troisième fille d'une famille de quatre enfants, Autant dire qu'elle est moins que rien. Elle doit travailler efficacement et discrètement, ne rien coûter ni en soins, ni en alimentation et si possible se marier rapidement pour appartenir à sa belle-famille... et une fois le mariage arrangé, accoucher d'un garçon, sinon, la mort est au bout du chemin...

Latifa est une ancienne institutrice qui a dû renoncer à tout car elle est femme. Elle doit porter la burqa, ne pas être soignée, ne pas sortir... et subir les violences de ces hommes qui se battent pour un idéal qui n'est pas le sien... Un récit extrêmement violent...

Extrait :
Le feu s'épuise. Je dois remettre des bouses de vache sous le brasero. Je n'ai toujours rien mangé et cette odeur me soulève le cœur. Pendant que mon esprit divague, mon père entre dans la pièce et se met en colère parce que je ne suis pas au travail. Je me fais toute petite. De toute façon, je ne prends pas beaucoup de place. Je suis maigre. Je n'existe pas. Je suis une ombre. Je ne laisse pas de traces. Je nettoie... et la poussière retombe quelques heures plus tard. Je prépare la nourriture... et elle disparaît aussitôt dans les entrailles de mon père, de mon frère, de mes oncles, trop souvent invités à mon goût. Je mange les restes, que je partage avec ma sœur Kavita et ma mère. Il n'y a pas tous les jours des restes. Ce matin, je n'ai eu droit qu'à quelques miettes. Miettes de nourriture, miettes d'existence...
Les corvées ménagères expédiées, j'ai toujours le ventre creux et je tombe déjà de fatigue. J'irais bien m'allonger un peu sur ma natte, dans mon petit coin de cuisine, discrètement, sans faire de bruit, sans déranger personne. Mais mon père ne l'entend pas de cette oreille. Ces miettes que je grignote, je dois encore travailler davantage pour les gagner. L'entretien de la maison, qui m'occupe pourtant une bonne partie de la journée, n'est pas considéré comme du travail. C'est simplement une tâche inhérente à ma condition de fille..


Mon avis :
Deux témoignages édifiants, émouvants et terrifiants. Après avoir lu ce récit, on a honte de se plaindre pour des broutilles, nous qui avons la liberté... Très beau...!


niveau : entre les deux

 

 

 

 

Résumé :
Jake vit avec sa mère Marie et son beau-père Steve. Son vrai père, Danny, est parti à la naissance de Jake, et n'a jamais donné signe de vie depuis. Steve est violent. Il bat Jake, de plus en plus fort et de plus en plus souvent. Pour résister aux coups durs, Jake s'est inventé une maison imaginaire habitée par un père idéal. Un jour les coups deviennent vraiment trop durs et Marie, enceinte, décide de partir. Mais où se réfugier ? Une seule solution : la grand-mère paternelle de Jake, la mère de Danny. Après un accueil glacial, la grand-mère accepte Jake tant la ressemblance avec son père est flagrante. Mais que va devenir ce curieux noyau familial ? Que va faire Steve ? Danny va-t-il revenir ? En attendant, Jake va de découverte en découverte, de petits bonheurs en grandes déceptions...

Extrait :
Si je tourne la tête, même à peine, des élancements me brûlent comme des flammes, jusqu'aux épaules. Ma bouche gonflée est engourdie. J'ai mal. Partout. Il a attendu qu'on soit rentrés pour commencer. Il ne me touche jamais devant les autres. Cette fois, il ne s'est pas donné la peine d'éviter mon visage. Il y est allé de bon cœur, n'épargnant aucune partie de mon corps, à coups de poings, à coups de pied, m'envoyant valser partout.
- Non, ! Steve, non ! Je hurlais. Arrête ! S'il te plaît ! Arrête !
Le pire c'est que je me suis pissé dessus. Ça a été plus fort que moi. Du coup, je me suis senti encore plus minable et petit, encore plus minable et perdu, comme s'il ne restait rien de moi. Comme s'il m'avait complètement vidé à force de me battre. Il faut que je parte. Je ne peux plus rester avec eux. Je dois m'en aller avant qu'il ne me tue. J'ai mis quelques affaires dans mon sac- un pull, mon ciré, des chaussettes et mon canard en peluche. Dans ma cachette, tout ira bien, tant qu'il fera beau. J'ai un peu d'argent. Pas des masses, de quoi tenir quelques jours, le temps que je m'organise. Que j'élabore un plan. Que je m'organise...


Mon avis :
Une histoire dure et violente dans une Angleterre pauvre, mais beaucoup d'espoir et de fraîcheur malgré tout.
J'ai beaucoup aimé .

Niveau : entre les deux

 

 

 

Résumé :
Alors qu'ils ont traversé la guerre en étant relativement épargnés, Rémy et ses parents se retrouvent pris dans un terrible engrenage : un soir, la mère de Rémy soigne un jeune résistant atteint d'une balle dans la cuisse. Le lendemain, tout le village est réuni sur la place par les SS et la gestapo afin de trouver les coupables, les terroristes, c'est à dire ceux qui ont aidé et caché les résistants. Le père de Rémy est fusillé, sa mère et lui déportés. L'adolescent passera un an dans un camp de concentration d'où il ressortira transformé avec toujours en lui-même cette rancœur envers le jeune résistant que sa mère a sauvé et qui est déporté avec lui, mais surtout poursuivi par la haine des habitants du village qui accusent sa famille de les avoir perdus...

Extrait :
Ils nous ont alignés sur le quai, les vivants à côté des morts. Pour nous compter. Ils ont recommencé plusieurs fois, jamais satisfaits du résultat obtenu. Ils s'amusent, c'est certain.
Nous sommes plus de deux mille hommes, épuisés, à regarder les SS s'amuser, la rage au cœur.
Maintenant, nous marchons sur une route étroite, bordée d'arbres dont nous pouvons toucher parfois les plus basses branches, bizarrement nues.
-Tu vois petit, dit Robert, d'autres convois sont passés par là. Les prisonniers ont arraché les feuilles pour les manger. Tu viens d'où ? questionne-t-il sans me regarder.
Je lui raconte mon histoire en quelques phrases, en commençant par l'arrivée des maquisards à la maison.
- C'est la guerre, petit, une sale guerre dont nous ne sommes pas responsables, avec beaucoup de morts. C'est le prix à payer, ajoute-t-il tandis qu'une immense colère me submerge. Je crie, les dents serrées : 
- Ma famille était innocente.
-Et moi, je suis coupable ? Quel est mon crime ? D'accorder trop d'importance à la liberté ? Regarde devant toi, imbécile, s'ils remarquent que tu me parles, ils vont te massacrer. Si tu veux survivre, cesse de pleurer sur ton sort. Seuls ceux qui ont compris pourquoi ils sont ici survivront. Les autres... 

 


Mon avis :
Un roman court et facile à lire, sur une époque dense et horrible de notre histoire.

Niveau : pour les plus grands

 

 

 

Résumé :

A chaque fête, chaque Noël, chaque anniversaire, il fait le clown. Il revêt son costume grotesque, son nez rouge et devient " le plus triste des clowns tristes ". Ce père fait honte à son fils. Jusqu'au récit de l'oncle Gaston : un dimanche, après une sortie au cinéma, ce dernier lui raconte tout. L'histoire banale de résistants et d'un soldat allemand. 

Il existe une adaptation cinématographique tournée en 2003 par J. Becquer

Extrait :

Aussi loin que je puisse retourner, aux époques où je passais encore debout sous les tables, avant même de savoir qu'ils étaient destinés à faire rire, les clowns m'ont déclenché le chagrin. Des désirs de larmes et de déchirants désespoirs, de cuisantes douleurs, et des hontes de paria.
Plus que tout, j'ai détesté les augustes. Plus que l'huile de foie de morue, les bises aux vieilles parentes moustachues et le calcul mental, plus que n'importe quelle torture d'enfance. A dire au plus près l'exact du sentiment, au temps de mon innocence, j'ai éprouvé devant ces hommes raccommodés à la ficelle, écarquillés de céruse, ces grotesques, le vertueux effroi des puceaux croisant une prostituée peinte, selon l'idée imagée et sommaire que je m'en fais, ou la soudaine suée des rosières découvrant au parterre fleuri un nain de jardin obscène, ithyphallique. Si on m'imposait le spectacle de la piste, je trouillais à cramoisir, à bégayer, à faire pipi-culotte. A devenir sourd. Fou. A mort.


Mon avis :

Un roman très court qui ne tombe pas dans l'habituel cliché du « bons contre méchants ». Un roman qui montre des humains entraînés dans une guerre qui n'est pas la leur. Ou comment l'humain prend le pas sur le soldat et fait un pied de nez à l'idéologie et au fanatisme qu'il est censé représenter.

Niveau : pour les plus grands

 

 

 

Résumé :
Galshan est inquiète : cela fait plus de six jours que son père, chauffeur d'un poids lourd qui sillonne l'Asie, aurait dû rentrer de voyage. Les journées sont interminables pour l'adolescente et chaque nuit elle fait le même cauchemar : un camion vide fonce sur elle avant de s'engloutir dans le vide. Tout le monde pense que Ryham a péri lors de la traversée du col des Mille Larmes, ou qu'il a été victime de l'impitoyable hiver mongol. Galshan, elle, sait que son père est en vie.
Dans ce roman, on retrouve Galshan, l'héroïne de „153 jours en hiver“...

Extrait :
Le nez collé au carreau, Galshan regardait le vent balayer les sacs de plastique le long d'Ikhoiturüü lorsque la voiture du responsable de la coopérative s'arrêta en bas de l'immeuble. Elle frémit en la reconnaissant. Il était trop tard pour les bonnes nouvelles.
- Je suis désolé, Daala, fit-il d'une voix blanche, désolé...
Galshan se précipita dans les bras de sa mère et Bumbaj se mit à pleurer, comme si elle comprenait le sens des paroles de l'homme.
Entre ses grosses mains, il tripotait un morceau de ferraille cabossée. La plaque d'immatriculation de l'Ural. C'était tout ce que les gardes-frontière avaient retrouvé du camion, à quelques mètres du glissement de terrain. Le reste gisait au fond des ravins inaccessibles des Khöörgha. Des vallées tellement encaisséesque personne n'y avait jamais mis les pieds.
- Je suis désolé, répéta le responsable.
A petits pas, il reculait vers la porte.
- La piste du Dawaagsambu ne sera pas remise en état, ajouta-t-il avant de partir. Elle va être fermée. Trop dangereuse...
Daala se mordit les lèvres et ferma les yeux. Tout cela n'avait aucune importance, maintenant. Le col des Mille Larmes portait trop bien son nom. Pourquoi Ryham n'avait-il pas tenu sa promesse ? Pourquoi ?...


Mon avis :
Une ambiance particulière dans un paysage rude... Un roman facile à lire, comme le 1er (153 jours en hiver) et plutôt captivant...

niveau : entre les deux

 

 

 

Résumé :
Martin et Max sont associés et tiennent une galerie d'art aux États-Unis. En 1932, Martin qui est allemand rentre dans son pays. Les deux amis restent en contact en s'écrivant régulièrement. Dans cette correspondance, Max, qui est juif, s'inquiète du sort de sa sœur partie jouer une pièce de théâtre à Berlin et dont il n'a plus de nouvelles. A partir de là, le drame se noue entre le Juif américain et l'Allemand fasciné par celui qui, croit-il, va rendre son honneur à l'Allemagne...

Extrait :
En ce qui concerne les mesures sévères qui t'affligent tellement, je dois dire que, au début, elles ne me plaisaient pas non plus ; mais j'en suis arrivé à admettre leur douloureuse nécessité. La race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge. Je n'ai jamais haï les juifs en tant qu'individus- toi par exemple, je t'ai toujours considéré comme un ami-, mais sache que je parle en toute honnêteté quand j'ajoute que je t'ai sincèrement aimé non à cause de ta race, mais malgré elle.
Le juif est le bouc émissaire universel. Il doit bien y avoir une raison à cela, et ce n'est pas la superstition ancestrale consistant à les désigner comme les « assassins du Christ » qui éveille une telle méfiance à leur égard. Quant aux ennuis juifs actuels, ils ne sont qu'accessoires. Quelque chose de plus important se prépare.
Si seulement je pouvais te montrer- non, t'obliger à constater- la renaissance de l'Allemagne sous l'égide de son vénéré Chef... Un si grand peuple ne pouvait pas rester éternellement sous le joug du reste du monde[...]
Hélas, Max, tout cela va te blesser, je le sais, mais tu dois accepter la vérité. Parfois, un mouvement est plus important que les hommes qui l'initient. Pour ma part j'y adhère corps et âmes [...] Cordialement Martin Schulse.


Mon avis :
Ce roman épistolaire est terrible de par son témoignage de l'emprise d'un homme sur tout un peuple, de la haine qui peut se développer dans l'esprit humain à vitesse fulgurante. Un texte d'une rare violence psychologique. Excellent.

Niveau : pour les plus grands

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